-Mamaaaaan !
Un cri déchire la nuit. Je crois que je ne pourrais pas le supporter, il ne faut pas... Je ne peux pas voir cela. Je ne veux pas tourner la tête, mais pourtant la vérité est là, juste devant moi, désarticulée et baignant dans son sang.
Je me revois chatonne aux côtés de mes frères plonger ma tête dans son épaisse fourrure crème chaude et douillette, je ressens encore son odeur lactée m'envahir. Et c'est dans un cri étouffé, utilisant son dernier souffle, qu'elle me lance dans un murmure étouffé et rauque :
-Vis.
Puis elle se laisse tomber, elle abandonne tout, et je reviens à la réalité. J'ai envie de m'abandonné à leurs crocs, pour être à ses côtés jusqu'au bout. J'ai envie de me laisser mourir, avec ces aboiement de joie en musique de fond. Mais la dernière chose qu'elle m'a demandé - non, ordonné, c'est de vivre. Alors j'abandonne la tentation de les laisser m'arracher à mon avenir, pour m'emmener dans les couloirs froids de la mort. Je cours, les larmes battant mon visage, je cours plus vite que je le peux. Ils oublient déjà de terminer le travail sur elle et viennent vers moi, attiré par l'odeur d'un sang encore plus chaud et d'un corps qui bouge encore. Vis, vis, vis... Tu dois vivre, Petite Symphonie.
Ils n'ont pas le droit, de prendre comme ça des vies juste pour s'amuser. Ils n'ont pas le droit... Et surtout ils n'avaient pas le droit de la prendre elle, et les deux autres boules d'énergies qu'elle avait dans son ventre, pour m'offrir une nouvelle famille et remplacer mes deux frères de portée mort du froid. J'allais avoir des petits frères, ou petites sœurs, peu importe, mais cette solitude me rendait malade. Et voilà qu'il l'a prenait elle, et j'étais désormais plus seule que jamais, sans espoir pour avoir une nouvelle famille... En plus, j'allais devenir apprentie juste le lendemain, elle allait être fière de moi, mais je n'aurais personne pour me regarder avec fierté demain.
On a qu'une seule vie. Je grandirais sans famille. Je n'aurais jamais plus de famille de ma vie. Jamais. Je verrais les autres qui en aurait une, et moi je n'aurais juste que l'idée de ce que c'est, que ce souvenir de chaleur vague, la seule chose à quoi me raccrocher : un souvenir.

•••

Et avec le temps, ce souvenir m'a échappé. J'ai oublié ce que c'est que d'aimer, j'ai oublier ce qu'est la chaleur et le plaisir du lait. Je ne comprend pas cette lueur de joie dans les yeux d'une mère, ni celle dans les yeux des chatons qui jouent ensembles. Je ne suis qu'une coquille vide, j'ai oublié ce que sont les sentiments, et tout ce qu'il me reste, c'est ce désir amer de vengeance.

•••

-Nuage Symphonique ?
-Quoi ?!
-On avait dit sans les griffes aux entraînements.
-Mais tu m'as dit d'imaginer que tu es un chien.